Honnêtement, j'ai l'impression que ma tête est sur le point d'exploser.
Depuis un certain temps je ne me sens plus tout le temps triste, ce n'est plus tout à fait comme avant. Peut-on réellement parler de progrès? Peut-être. Je ne sais pas. Une chose est sûre, c'est que maintenant l'apathie fait souvent place à une très grande colère qui m'habite tout entière et me ronge de l'intérieur...
Ce que je vais dire va vous paraître complètement tordu et absolument sordide, mais j'ai parfois l'impression que la tristesse était plus facile à supporter que la violence qui m'habite souvent maintenant. Un peu comme si d'avouer que nous pleurerions des jours entiers était plus moralement acceptable que de confier à quelqu'un qu'on se blesse volontairement pour exorsicer le mal, pour retourner notre colère contre nous-même plutôt que de la faire éclater sur d'autres.
Mais, ce n'est pas tout... voilà que tout le monde met la pression maintenant pour que j'aille mieux. Pourquoi?
Je veux dire, je comprends que ma famille, que V., que mon entourage souhaite mon bonheur, mais pourquoi la pression? Vous croyez vraiment que ça peut m'aider et me consolider dans le fait que je progresse (à mon rythme SVP!)?
Tous les week-ends où je me retrouve chez mes parents depuis un certain temps je me fais dire par ma mère que je me complais dans mon malheur, juste parce que je raconte ma semaine en toute honnêteté, avec mes hauts et mes bas. "Arrêtes de parler de toi comme si tu étais malade" qu'elle me dit souvent, alors que je ne fais que parler des différents sentiments que j'ai pu ressentir pendant mon séjour en terre étudiante.
Même chose pour V. qui a tendance à me garder dans une petite bulle en attendant que j'aille mieux, en attendant que je redevienne "normale", que je sois moi-même, qu'il n'y ait plus de "bas"...
Moi aussi, j'aspire à aller mieux. Mais JE NE PEUX PAS aller plus vite, JE NE PEUX PAS faire semblant pour faire plaisir. Même si je le souhaite très très fort, avec tout mon être et tout mon coeur, même si j'ai tellement envie de redevenir l'amie agréable que j'ai été pour toi V., JE FAIS DE MON MIEUX!
Et est-ce que de me permettre de relâcher la pression que j'excerce sur moi-même un jeudi soir et manifester le besoin que V. s'occupe un peu de moi me transforme en monstre d'égoïsme? Est-ce que c'est vraiment si mal de demander à quelqu'un de venir nous voir, pas pour parler, juste pour apposer notre tête sur ses genoux et se faire dire que "ça va aller"?
Merde... les gens sont-ils seulement conscients du combat intérieur que je mène à tous les jours depuis maintenant presque 6 mois? Ont-ils seulement idée de l'énergie que ça peut me prendre d'aller bien et de fonctionner en mode "étudiant" pendant quelques jours? Je mène un combat de tous les instants contre moi-même, parce que, à quelque part à un moment donné, il y a quelque chose qui s'est brisé en moi que je n'ai pas voulu le voir. Je suis dans l'état où je suis présentement parce que, justement, à un autre moment dans ma vie on m'a reproché de broyer du noir pour une histoire de coeur ("C'est juste une peine d'amour, tu vas t'en remettre", "Bon, ton amie ta trahie, et après? La vie continue...") et je me rends maintenant compte que le pardon ne veut pas nécéssairement dire qu'on accepte les événements. Ou du moins, qu'on accepte les conséquences que peuvent avoir eus ces événements. Au fond de moi, il y a toujours la jeune fille de 18 ans qui s'est fait mentir par les deux personnes en qui elle avait le plus confiance à l'époque; et tout ça a une influence terrible sur mes relations actuelles. J'ai voulu faire plaisir aux gens à l'époque en leur montrant que j'étais capable d'aller mieux rapidement et voilà que je me ramasse 3 ans plus tard à me frapper de plein fouet contre un mur de pierre énorme que je me tue maintenant à escalader pour arriver à continuer ma route...
Et ça, c'est censé faire de moi une personne qui se complait dans son malheur?
Merde, j'ai développé des troubles d'anxiété précisément parce que je me suis toujours trop mis de pression dans ma vie personnelle (combien de fois ai-je été déçue par rapport à quelqu'un qui m'étais cher tout simplement parce que le scénario de notre rencontre que je m'étais inventé n'avais pas fonctionné exactement comme je l'avais prévu?) Maintenant, comment est-ce que je suis censée me sentir à l'aise quand on me fait sentir que ça commence à faire un peu trop longtemps que je vais mal et qu'on me dit subtilement que, là, je devrais être raisonnable et aller mieux... Comme si je contrôlais absolument tout de ma vie! Comme si j'étais à 100% responsable de mes états d'esprit alors que c'est précisément ça, l'anxiété, perdre le contrôle d'une partie de soi-même. Faire face à une partie de notre personnalité qu'on aimerait bien souvent ne jamais avoir connu.
Je sais que ça va faire plusieurs mois maintenant que je déprime. Je progresse, mais personne ne le voit. Non. Ça ne va pas encore assez vite...
J'ai parfois l'impression d'être entourée de gens qui regardent leur montre en soupirant tout en me disant de "pas lâcher".
Vous croyez pas que je me reproche suffisamment d'aller mal? Que me couche déjà presque à tous les soirs en me détestant d'autant me haïr? Que je n'ai pas besoin de me faire dire qu'il faut que j'aille mieux, JE LE SAIS!
Même que j'ai (re)commencé à culpabiliser lorsque j'ai le malheur de laisser glisser quelques lignes désespérées sur le MSN à V. Même que je n'ose plus lui téléphoner de peur de la déranger ou de peur qu'elle ait de la peine que j'aille de la peine (voyez où on en est!?) et pourtant j'ai tellement besoin d'elle.
Même que je n'ose plus parler à mes parents de peur de les décevoirs parce qu'ils sont convaincus que je vais mieux tout le temps...
...ma tête va exploser, c'est terrible.
Je voudrais vraiment que ça cesse.